#QUSTEC Portrait : Avec des miroirs, des lasers et du doigté

La doctorante Grazia Raciti effectue ses recherches sur la dynamique des phonons dans le cadre du programme QUSTEC d’Eucor – Le Campus européen. Ses expériences en laboratoire sont basées sur des miroirs, des lasers et beaucoup de doigté. Lorsqu’elle ne bricole pas elle-même avec le matériel, elle aide les étudiants dans leurs expériences.

Coronavirus oblige, Grazia Raciti porte un masque, lequel cache les expressions de son visage. Mais elle ne manque pas de compenser par des gestes. Assise dans la cafétéria du département de physique, elle parle de phonons, de lasers et de miroirs en faisant d’amples mouvements avec ses bras. Les phonons sont des vibrations à l’intérieur d’un solide. Elles peuvent se produire lorsqu’un rayon laser frappe un cristal. Selon le matériau, les phonons ont des propriétés différentes et présentent un spectre différent.

La grande salle semble déserte et les chaises ont été rangées avec soin le long des tables. En dépit des consignes invitant à travailler de chez soi, la jeune chercheuse peut travailler à la mise en place de son expérience au sein du laboratoire du « Nanophononics group » en respectant une alternance avec ses collègues. Elle a passé les cinq derniers mois à aligner correctement les faisceaux laser et les miroirs pour cette expérience.

« C’est un travail au millimètre près. La physique exige non seulement un travail mental, mais aussi de la dextérité », explique-t-elle. Ses mains dessinent dans l’air le tracé des lasers, qui sont dirigés à l’aide de miroirs sur différents matériaux avec un timing précis. Le phonon est alors excité et il est possible de suivre l’évolution de son spectre. « En étudiant le comportement des phonons dans le temps, nous en apprenons davantage sur le transport de la chaleur au sein des microstructures », ajoute-t-elle.

De l’Arno au Rhin
Grazia Raciti est venue à Bâle dans le cadre du programme QUSTEC. Elle a grandi en Sicile et rêvait de combiner son enthousiasme pour les mathématiques avec quelque chose de plus « tangible », même à l’école. « Étudier la physique expérimentale était la suite logique pour moi », se souvient-elle. Après sa licence à l’université de Catane, elle a obtenu un master à l’université de Pise.
« La recherche en physique se développe grâce au partage et à la collaboration au niveau international. Je savais donc que je devais quitter l’Italie après ma maîtrise ». Lorsqu’elle a soumis sa candidature à Bâle, elle ne connaissait pas encore la ville. Curieuse, elle a fait une recherche sur Google Images et y a trouvé quelque chose de familier : « Le Rhin avec le Pont du Milieu m’a rappelé l’Arno à Pise et cela m’a immédiatement donné confiance ».

Elle passe la plupart de son temps au laboratoire seule ou avec son postdoc. Le reste du groupe de recherche, elle le voit surtout sur l’écran. D’un geste de la main, elle désigne la terrasse sur le toit. « En été, nous nous asseyions souvent dehors à l’heure du déjeuner. » Elle espère que les déjeuners ensemble et les pauses-café seront bientôt à nouveau possibles. Même si le coronavirus rend les contacts sociaux difficiles en ce moment, la jeune chercheuse se sent très à l’aise au département de physique et apprécie l’environnement informel.

L’amour de l’enseignement
Les séminaires du département de physique offrent la possibilité de rencontrer des doctorants d’autres projets et de partager connaissances et expériences. Mais parfois, Grazia Raciti a l’impression d’être prise entre deux mondes. « En tant que doctorante, je suis employée par l’université. J’enseigne et je suis payée pour mes recherches”, dit-elle. Pour autant, elle se sent toujours très liée au monde étudiant. « Au début, tout était encore si nouveau et si excitant. Parfois, j’avais l’impression d’être en première année. »

Elle se sent également proche des étudiants lorsqu’elle enseigne. Dans le cadre du cours « Anfängerpraktikum Physik I », elle les aide à réaliser leurs expériences. « Voir ces étudiants apprendre me rend vraiment heureuse », commente-t-elle. « C’est pourquoi je veux poursuivre une carrière universitaire en faisant un postdoc. »

Programme QUSTEC
QUSTEC signifie Quantum Science and Technologies at the European Campus. Le programme de formation doctorale a été mis en place par le groupement Eucor – Le Campus européen. Le programme QUSTEC offre 39 postes pour de jeunes scientifiques dans le domaine des sciences quantiques. Chaque projet a une durée de 48 mois et se termine par l’attribution d’un diplôme de doctorat.

Universität Basel

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